Point de vue des confins

Un silence d’hiver

Brutalement s’impose

Contre ce mur ces vers

Modestement s’opposent

De ce monde aux confins

Egarés et confus

On ne voit pas la fin

Rien n’est plus comme il fut

Vivre est un facétieux virus

Qui joue à la roulette russe

Ni seigneur ni martyrs

Ni brebis crucifiée

Ni prier ni partir

Ne sauraient nous sauver

Coincés dans ces confins

Comme des factionnaires

Fatigue soif et faim

De vivre usent nos nerfs

Vivre est un facétieux virus

Qui joue à la roulette russe

L’impatience évide

Au vif de nos visages

Le sillon d’une ride

Où n’a que faire l’âge

Nous choyons l’éphémère

Comme lente inlassable

D’un geste de grand-mère

La mer lisse le sable

Vivre est un facétieux virus

Qui joue à la roulette russe

Le virus est un mot

Dont le sens est plié

Comme un vieil escabeau

Dans la cave oublié

Pour ne pas ânonner

Des pensées qui agacent

Apprenons à nommer

L’innommable fugace

Vivre est un facétieux virus

Qui joue à la roulette russe

Fécamp, janvier 2021

Marc Delouze.