De notre ambassadeur PIERRE FOSSEPREZ de FRANCE.


L'agneau et le berger


Des agneaux couraient dans un pré le long de la haie.

Laissant un moment leurs mamans, dans le soleil couchant, ils gambadaient en bande, de toute la vitesse de leurs jeunes jambes.
En bas du pré, le berger regardait ses agneaux s'amuser, fier et heureux de les voir en aussi bonne santé.

Les agneaux ni leurs mères ne craignaient le berger : il les avait tous sécher de ses mains avec un peu de foin. Tous serrés contre son cœur, pour leur souhaiter le bon jour.
Et à tous il leur dira au revoir quand leur tour viendra.

Un agneau, voyant là le berger, lui demanda soudain :

•Tu viens jouer avec moi ?
•Je ne peux, répondis le berger, j'ai encore quelque ouvrage.
•La terre à semer. Le potager à bêcher pour y planter les salades...

L'agneau pencha un peu la tête, l'air de réfléchir. Puis dodelina :
« Semer ? Planter ? Quelle drôle d'idée ! Je préfère jouer. »

Et il s'en fut rejoindre ses frères et sœurs en courant.

Il ne fallut pas longtemps... Après que le berger lui eut dit au revoir, l'agneau monta dans le camion et s'en alla sur le chemin des Prés Verts.

Ainsi fût-il mangé, par des gens qui jamais ne sauront qu'il avait été aimé.

Manger ou être mangé n'est pas le fin mot de l'histoire.

Mais, agneau ou salade, l'amour à leur donner, et l'amour qu'ils nous donnent en nous offrant leurs vies, voilà ce qu'il conviendrait de savoir.