TERRE

Notre terre vierge

au visage noir

Nous la blessons pour enterrer les morts

qu’elle a enfantés et façonnés d’argile

Six pieds sous terre

suffisent

pour restituer les choses

confiées à sa famille

et pour recouvrir la terre

de terre.

EMAD FOUAD, Egipto (1974)

Traduction : Germain Droogenbroodt – Rafael Carcelén

ITHACA 614


CETTE ÉCHARDE DE NÉANT

Oh toi si éloigné

mais pourtant si intime dans

ta manière sereine de me posséder-

Aimerais-je l’inconnu,

plutôt que toi ?

Est-ce la distance que nous gardons

qui fait naître notre intimité ?

Oh inconnu,

pourquoi ta voix enferme-t-elle

une telle richesse -

une richesse qui dilate

mon coeur faiblissant ?

Oh souffle de vie

suis-je à la recherche des étoiles

d’un rêve qui ne se réalisera jamais ?

N’y a t-il que cet oubli

de l’autre côté de la mort ?

Arrache-moi des ombres

qui décapent ma vie.

Prends-moi, enlace-moi

dans cette écharde de néant

où durant un instant

l’on ressent la perfection.

CAROLYN MARY KLEEFELD, EU

Traduction : Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

ITHACA 615


Cher lecteur,

De plus en plus le Poème de la semaine se propage mondialement. Le Hogir Verlag à Bonn et le Ser Sera Verlag à Berlin viennent de publier en kurde une sélection de poèmes ITHACA de plus de cent poètes originaires de trente pays, déjà publiés antérieurement. Ils sont traduits en kurde par le poète – traducteur Dr Hussein Habash. Le Poème de la semaine est aussi publié de manière hebdomadaire dans différentes revues littéraires roumaines ainsi que sur les sites web en Chine, au Japon, en Bulgarie, en France et en Pologne et chaque semaine également en anglais – espagnol – néerlandais sur

http://www.point-editions.com.

LA FENETRE

Quand ma foi

s’accrochait au faible fil de la justice

et que partout en ville

les cœurs de mes lampes

se brisaient et volaient en éclats,

quand le foulard noir de la loi

bandait les yeux d’enfant de mon amour

et que des fontaines de sang

giclaient des pauvres temples de mon désir,

quand la vie n’était rien de plus,

rien d’autre que le tic-tac d’une horloge,

j’ai découvert que je dois,

de manière absolue et sans mesure

dois aimer.

FOROUGH FARROKHZAD, Iran 1935-1967

Traduction : Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache​​​​​​​

ITHACA 617


LA MAISON DU MONDE

La petite

fleur de la bougie,

sur la table le pain, le vin

la rose,

la soudaine

blancheur du lit ouvert, -

l’éternité

à partager millimètre par millimètre

avec toi.

EUGÉNIO DE ANDRADE, Portugal (1923 ─ 2005)​​​​​​​

Traduction : Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache​​​​​​​

de : " Oficio de paciencia ", Poesía Hiperión​​​​​​​

ITHACA 618


ECRIRE DE LA POESIE

Trouver le fragile équilibre

entre le silence et le mot

entre suivre le chemin

et s’égarer

entre l’indescriptible

et ce qui peut être nommé

à surmonter

le gouffre profond

entre plume et papier.

GERMAIN DROOGENBROODT

Traduction de Elisabeth Gerlache​​​​​​​

ITHACA 620


Partida Monte Molar nº 78· Altea, NH 03590· Spain.