Juin 2019 No 54 038

Sauver les livres et les hommes avec l’un des héros de notre exposition Odyssée

Mgr Michaeel Najeeb, archevêque de Mossoul, a sauvé des centaines de manuscrits anciens vieux de plusieurs siècles, chrétiens, musulmans, yézidis (communauté religieuse d’origine persane), lors de l’attaque de Mossoul par Daech en aout 2014. Un périple qu’il raconte dans Sauver les livres et les hommes, (Grasset, 2017) et que nous évoquons dans l’exposition L’Odyssée des livres sauvés et dans l’ouvrage qui l’accompagne, BibliOdyssées (Actes sud). À l’initiative de la Villa Gillet (dans le cadre des AIR 2019) et de la fondation Saint-Irénée, les musées Gadagne ont accueilli une rencontre avec Mgr Najeeb, aimée par Muriel Maalouf de RFI. L’ancien ingénieur pétrolier devenu dominicain a évoqué son amour de tous les livres, de toutes confessions, et son travail de préservation et de numérisation des manuscrits au sein du Centre numérique des manuscrits orientaux de Mossoul qu’il a créé en 1990 et qu’il dirige. Depuis 2014, Mgr Najeeb prépare une thèse de doctorat à l’Université de Fribourg en Suisse, sur « les Manuscrits et les Livres Saints des Yézidis ».

Des ateliers « Lettres sauvées » en écho à notre exposition L’Odyssée des livres sauvés

Ils ont été organisés par la Villa Gillet (dans le cadre des Assises Internationales du Roman) et la Fondation Saint-Irénée, qui œuvre depuis 2010 sur le territoire du diocèse de Lyon auprès de porteurs de projet engagés dans les champs de la solidarité, de l’éducation, de la culture et la communication. Ces ateliers voulaient répondre à de lancinantes questions : et si nos alphabets étaient menacés de destruction, si nos lettres devaient être protégées, celles qui forment les mots, engagent nos pensées, nos rêves, nos refus, nos révoltes, laquelle sauveriez-vous de votre propre langue ou d’une autre langue ? Des auteurs des AIR ainsi que des personnes membres d’associations soutenues et accompagnées par la Fondation Saint-Irénée ont écrit une petite fiction pour évoquer la lettre qu’ils souhaiteraient sauver.

Écoutez les textes des sauveurs de lettres :

Mérit H. sauve la lettre arabe Daad : https://www.youtube.com/watch?v=iivLXMQW9fM

Odile B. sauve la lettre R : https://www.youtube.com/watch?v=8X0xf58UfHI

Cédric B. sauve la lettre P : https://www.youtube.com/watch?v=6155wkzpLwo

Jérôme J. sauve les lettres J, H et T : https://www.youtube.com/watch?v=aJtdaXGxXHg

Françoise M. sauve la lettre M : https://www.youtube.com/watch?v=CJjulAGK2wQ

Léo M. sauve la lettre M : https://www.youtube.com/watch?v=Bnj37xoku2k


Du nouveau sur vos écrans…

Le musée devrait bénéficier d'une refonte de son site internet en 2020, volonté de la Ville de Lyon qui concernera également huit autres établissements culturels. L’application CollectiveAccess sera mise en place au musée à partir de septembre 2019 et devrait être opérationnelle en janvier 2020, avec dans un premier temps la mise en ligne de nos données d’inventaire. L’application MuséoPic, qui permet une visite enrichie et interactive de nos collections, est également bientôt fonctionnelle.


Le Musée en congrès

Le musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique est membre fondateur de l’Association des musées de l’Imprimerie d’Europe (AEPM). Le rendez-vous annuel des adhérents (150 individuels et institutionnels, ateliers, musées, bibliothèques œuvrant dans le domaine graphique et dépassant largement, aujourd’hui, le cadre de l’Europe) s’est tenu en mai en Belgique, à Turnhout, au musée de la carte à jouer. Fernande Nicaise, responsable de l’atelier de typographie et Sabrina Saunière, animatrice, qui représentaient notre établissement, ont réfléchi au thème de la transmission des techniques graphiques aux générations futures, un objectif qu’elles poursuivent quotidiennement à l’atelier du musée.


The Walking Dead, séries et survivances du collectif

Dans le cadre de Lyon BD Festival, Joseph Belletante, directeur du musée, donnera une conférence dans le cadre de l'exposition au MAC " Charlie Adlard- Walking Dead & au-delà " sur le thème « The Walking Dead – Séries et survivance du collectif ».

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Les zombies infiltrent le musée d’Art contemporain de Lyon ! Découvrez ou redécouvrez les illustrations de Charlie Adlard, illustrateur de The Walking Dead dont les comics ont été adaptés pour la série télé au succès international. Plus de 100 planches originales seront exposées sur tout le 3e étage du musée.

Exposition du 7 juin au 7 juillet au Musée d'Art Contemporain de Lyon, Cité Internationale, 81 quai Charles-de-Gaulle, 69006 Lyon


Notre précieux Mirouer retrouve une nouvelle jeunesse !

Le Mirouer de la Rédemption de lumain lygnage, livre religieux, inspiré de l’Ancien et du Nouveau Testament, fut l'un des premiers livres imprimés à Lyon en 1478 par Martin Husz. Il contient 256 bois provenant de l'atelier de Bernard Richel à Bâle ; il est considéré comme le premier livre illustré en France. L’incunable a été offert au musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique par la succession d’Henri Alibaux (1872-1941), papetier et historien du papier. L’ouvrage avait été présenté en 1923 lors d’une exposition dédiée aux livres lyonnais, à l’Hôtel de Ville de Lyon, manifestation organisée par Maurice Audin (fondateur du musée de l’Imprimerie) et inaugurée par le maire de l’époque, Edouard Herriot.

Nous avons confié ce rare et précieux incunable à l’atelier Aurelia Streri/Charlotte Kasprzak. Certains folios présentaient des manques, qui ont été comblés par un papier chiffon fabriqué par un moulin de Bordeaux (Ruscombe Paper Mill), les déchirures ont été « soignées » avec un papier japon 100% fibres de murier, les salissures traitées avec un gel spécial pour éviter la perte des couleurs naturelles (pigments, colorants). Une fois restaurés, les feuillets ont été placés dans une chambre d’humidification avant la phase finale de remise à plat, puis reliés à nouveau.

Le sauvetage de cet incunable lyonnais et national s'avère une belle résonance à notre actuelle exposition, L’Odyssée des livres sauvés.


Le portail du musée, chef-d’œuvre de ferronnerie et de typographie

On nous pose souvent la question de son origine. Ce portail exceptionnel et monumental a été réalisé par le ferronnier d’art, lyonnais d’adoption, Michel Zadounaisky (Odessa 1903- La Hauteville 1983) ; certaines de ses œuvres sont à Beaubourg et au Musée d’art moderne de Paris. L’artiste s‘est inspiré du caractère de prédilection de la famille Audin pour réaliser notre portail : le Primion, c’est-à-dire l’Inkunabula, commercialisé par la fonderie Nebiolo en 1923, mais qui fut dessiné à l’origine en 1911. Ce caractère fut acquis en 1925 par Marius Audin, qui l'utilisa pendant près de 30 ans, sous le nom d'elzévir Primion, pour ses travaux de ville et d'édition à l'imprimerie des Deux-Collines. Maurice Audin, son fils, fondateur du musée, a donc rendu hommage à un grand artiste et un grand caractère en passant commande de cette grille ouvrant sur la rue de la Poulaillerie.

Portail du Musée

Au 13 rue de la Poulaillerie, Lyon 2e.


Dans cet épisode de notre palpitant feuilleton sur la lettre, Alde Manuce traite les Lyonnais de lourdauds !

Au début du XVIe siècle, l’imprimerie lyonnaise est connue pour ses contrefaçons. Des libraires imprimeurs d’origine vénitienne, comme Balthazar de Gabiano, copient des livres publiés dans leur ville natale sans se soucier des privilèges qui les protègent. Alde Manuce, première victime des faussaires, invite dès 1503 ses lecteurs à se méfier de ces mauvaises copies, reconnaissables à leur « aspect français » (c’est-à-dire lourd). La critique est sévère, car les ouvrages de Gabiano sont plutôt de facture honnête, un peu gauche certes, mais pas si maladroits !

À l’imitation du style manuscrit, les contrefacteurs lyonnais semblent opposer un pragmatisme d’une modernité quasi « industrielle ».

L’italique d’Alde comportait une soixantaine de ligatures. Ce sont des signes à graver et fondre, ce qui coûte fort cher. De plus, l’accroissement du nombre de signe ralentit la composition du texte.

L’entreprise des Gabiano a, par-delà la copie, rationnalisé la typographie italique.

Voir les épîsodes précédents : http://www.imprimerie.lyon.fr/imprimerie/sections/fr/documentation/ressources/points_i


École de l’IHL : encore des places

Sur le thème des livres illustrés du XVIe siècle, les cours se dérouleront sur trois jours avec des présentations théoriques et des ateliers pratiques, mettant à contribution les riches collections de la Bibliothèque municipale et du Musée de l’Imprimerie de Lyon. Les intervenants sont Barbara Tramelli (Institut Max Planck), Richard Cooper (Brasenose College, Oxford) et Paul Taylor (Institut Warburg).

Du lundi 24 au jeudi 27 juin, informations et inscriptions : ecoleihl@enssib.fr


Du côté des Amis

Retrouvé par les Amis du musée : un quotidien qui n’a pas le vertige

En 1889, à l’occasion du centenaire de la Révolution Française, Paris organisa une Exposition Universelle et la Tour Eiffel fut érigée. Le Figaro édita un « guide bleu » de l’exposition et s’installa sur la seconde plateforme de la Tour Eiffel ; le quotidien fut tiré à 115,73 m de haut ! « …''Marinoni y a monté une de ses rotatives qu’actionne un moteur à gaz ; douze compositeurs s’affairent à la copie, rédigée par un petit groupe de rédacteurs d’élite ; trois ouvriers clicheurs montent chaque jour à la Tour pour faire le cliché du journal. Ajoutez un correcteur, un metteur en page, des garçons de bureau qui complètent l’équipe. Toutes les personnes qui circulent dans la galerie peuvent demander un exemplaire du numéro du jour, sur lequel sont imprimées les lignes suivantes'' :

Ce numéro a été remis à M…, en souvenir de sa visite au pavillon du Figaro, sur la seconde plate-forme de la Tour Eiffel, à 115 mètres 73 centimètres au-dessus du sol.


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