La grande illusion

Entends, toi dans le ciel, mon cœur si loin du tien

Battre comme jadis, empli d’une tendresse

Qui ne saurait décroître et donne à ton adresse

Un peu de réconfort tel un ange gardien.

Ton silence est pour moi, malgré tout, un soutien

A mon âme meurtrie ainsi qu’une caresse.

Il meuble ma journée, évitant la paresse

Dans un combat sauveur et je dirais chrétien.

Ainsi vers toi le soir s’élève ma prière,

De nos plus vifs plaisirs demeures-en très fière,

Lesquels illuminaient tes jours hélas trop courts.

Elle te dit combien je t’ai vraiment chérie,

Que du creux de mes bras tu n’es jamais partie,

Et n’est qu’illusion la fin de nos amours.


L’amour

L’amour est une flamme illuminant la vie

Dont le flux, plus constant que celui du soleil,

Pour tous les amoureux demeure sans pareil

A toujours leur offrir une mine ravie.

Lors ils pourront danser un tango langoureux

Sous le grand dais du ciel tout parsemé d’étoiles.

Leurs désirs gonfleront intensément leurs voiles

Pour voguer sur la mer vers des plaisirs heureux.

Et j’avoue en parlant de Nicole et moi-même

Que sans doute Athéna sut très fort nous combler,

La Terre au Paradis aura pu ressembler,

Les échos répétant sans cesse des « Je t’aime » !

Cependant le malheur peut détruire leur sort !

Ainsi furent contés au long cours de l’histoire

Moult romans fabuleux pour un couple notoire

Où, par un fait fatal, les sépara la mort !


Retiens ce jour

Retiens ce jour afin d’en garder les délices

Jusqu’à l’ivresse, et même, ô suprême infini,

En arrêter la course dans un final déni

A rendre ainsi les dieux nos complaisant complice.

Mes craintes sont pour moi les plus cruels supplices,

Je serais à te perdre intimement puni

Le meilleur du futur apparaîtrait terni,

Le sort n’aurait-il pas des milliers de malices ?

Vois-tu mon cher amour la terre est un Eden

Et comme tu le sais, surtout moins chaud qu’Aden

D’un Orient fameux non dépourvu de charme

Mon aimée ô crois-moi je vis d’un grand bonheur

Et veux le maintenir, tout comme un moissonneur

Ayant peur de l’orage, à verser dans l’alarme !


La lutte contre la nuit

Ô vous monstres hideux, le Temps insaisissable,

Vous recouvrez de nuit le moindre souvenir

Si bien que le passé ne peut se retenir,

Comme va l’oued se perdre à jamais dans le sable.

Mais un oubli total qui serait haïssable

Venu pertinemment pour vouloir me punir

Je le combats sans cesse et j’ose maintenir

Quelque rien devenu, je pense, impérissable.

Il demeure en moi-même un merveilleux reflet

Qui revient dans le noir, tout comme un vieux couplet

Répétant le visage absent de mon aimée.

Ainsi coule en mon âme une forte liqueur,

Agissant comme un philtre enivrant et moqueur

Qui la maintient au corps fortement arrimée.


La double escapade

C’est un très vieux récit du temps préhistorique.

Si Thésée, il est vrai, s’avéra séducteur,

Cela lui procura quelque fil conducteur,

Il fut par excellence un menteur diabolique.

S'il tua bien le Monstre, allié de Minos,

Il ne se perdit pas grâce au fil d’Ariane,

Délicieux lien sur un air de pavane,

Et se transforma vite en chevalier d’Eros !

Belle nuit, chaude et tendre, à l’entour des étoiles,

Doux baisers mais encor promesses du moment,

Celle de l’emmener en Grèce… mais il ment

Car il a maintenu prêtes ses noires voiles !

Et dans la rose Aurore une maîtresse a cru,

Sur une mer d’azur, au merveilleux voyage

Mais cherche en vain Thésée… et découvre l’outrage

A son endroit commis par l’amant disparu !


Jacques VANDOMEL

(Gien, Loiret, France).