Printemps des Poètes 2017 : Afrique (s). Poèmes reçus au journal. Un pour ce soir : LA MOMIE EGYPTIENNE de Daniel ARANJO.
Par Martine Gilhard, samedi 8 avril 2017 à 20:28 :: Les activités et infos de l'association Millén'Arts Défis. :: #2664 :: rss
Printemps des Poètes 2017 : Afrique (s). Poèmes reçus au journal. Un pour ce soir : LA MOMIE EGYPTIENNE de Daniel ARANJO.
De la part de Daniel ARANJO.
Daniel ARANJO
BRIBES SAPHIQUES TROUVÉES SUR UNE MOMIE ÉGYPTIENNE
EN NOVEMBRE 2008
TROIS VERS
… l’eau des dieux qui s’égoutte des branches, brille et se tait …
… la puérile majesté de tes formes, quand tu assieds, fermes et souples,
tes pleines hanches sur ma cuisse … la paix du monde …
On a trouvé une variante de ces trois (peut-être quatre) vers, d’attribution plus que douteuse, dans les brouillons de Paul-Jean Toulet (fonds Toulet, Bibliothèque Municipale de Pau, chemise XXXVII bis).
UN VERS ET DEMI
tiède de tes lèvres sous l’ivresse, mi-tiède, des miennes …
VERS ISOLÉ
… un criquet à l’abri sous son galet de cendre …
AUTRE VERS ISOLÉ
… grâce même d’un papillon, mais posé dans le feu de l’épreuve …
Texte incertain ; autre lecture possible : mais posé dans le sel de l’épreuve.
On rapproche parfois ce vers isolé du confus fragment Bergk 187 b : … petit orage mimosa-safran sur sa terreuse flaque électrique mimosa ….
AUTRE VERS ISOLÉ
… fines roses bleues de soufre … et mystère des cités grecques d’avril …
Le terme grec ne se lit pas ailleurs ; nous traduisons par proximité avec deux termes à peine plus connus.
AUTRE VERS ISOLÉ
Quand un jour froid élargit
Autre lecture : Quand (sous ?) la pensée du froid.
SIX MOTS
… et du plus vieux, vif automne …
L’original grec, d’ailleurs peu clair, et que nous avons traduit littéralement, comporte en fait cinq mots (et du plus-vieux vif automne).
QUATRE MOTS
hameaux immenses jamais clos
Idée peut-être à sous-entendre : <à nos amours>.
PRESQUE DEUX MOTS ET DEMI
On n’a conservé que la désinence, au génitif pluriel, du mot ici second (premier dans l’original grec) ; mais ce peut être aussi "des" et non "tes", ou tout autre adjectif possessif ou démonstratif, voire qualificatif, que l’on voudra.
AUTRE FRAGMENT (PEUT-ÊTRE À RELIER AU PRÉCÉDENT)
… double golfe lesbien … les Nymphes, en rêve, levées
Ce "double golfe lesbien" où Heinsius, avec son humour (c’est-à-dire son manque d’humour) habituel, a vu des formes érotiques (au motif que le même mot peut signifier en grec, comme en latin d’ailleurs, "golfe" aussi bien que "sein") renvoie peut-être aussi bien, tout simplement, aux… deux golfes qui échancrent en profondeur l’île de Lesbos. On a les fjords que l’on peut.
BADINERIE SUR UN AIR BIEN CONNU
CHANTERONNÉE HIER MATIN DEPUIS MON LIT
J’aime les filles du passé, j’aime les filles d’avenir,
j’aime les filles qu’on voit danser, j’aime les filles qu’on ne voit pas,
j’aime les fill’ de ma voisin’
- et le vent éternel des rivages d’Asie.
Heinsius considère que ce poème, comme le suivant, n’ajoute rien à la gloire de Sapphô. Certes. Mais on a conservé de courts textes sans ambition chez les plus grands (courtes chansons grecques chez Nerval, distiques insignifiants, et dont c’est le charme à l’égard de ce qui les entoure de plus noble, chez Toulet, etc.).
AUTRE BADINERIE SUR UN AUTRE AIR BIEN CONNU
CHANTERONNÉE À L’INSTANT DEPUIS MON BAIN
(Mais, las, que restera-t-il de nos amours,
de notre feu spirituel
et du vent, lent …, de tous les jours ?)
CHANSON POPULAIRE
petite bouche odeur de source
cheveux de nuit sans lune
bonheur image rhapsodie
eau de mars pierre bois
tu embellis le monde
nostalgie
et nous sommes bien
déjà
hélas l’oubli que nous serons
CHANSON POPULAIRE
ponctuée
petite bouche, odeur de source,
cheveux de nuit sans lune,
bonheur, image, rhapsodie,
eau de mars, pierre, bois :
tu embellis le monde,
nostalgie,
et nous sommes bien
(déjà)
hélas l’oubli que nous serons !
On sait que les textes anciens, dont suffisait le rythme grammatical, n’étaient pas ponctués. La ponctuation ici proposée n’engage que le traducteur, sans le convaincre toujours.
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