Stop

Je suis venu à toi, mère divine,

Par ciel azuréen et mer profonde,

Drapé d’orgueil, fardé d’effronterie.

Sur tableau noir, fit que ma main dessine,

Un vague lieu, naissance de ce monde,

Où d’autres n’y virent que boulimie

Distribution d’une autre humanité.

Ils prétendaient tes enfants convoiter,

Et chaparder mes lambeaux de berceau,

Y voler nourriture et pureté,

Et peut-être leurs chants et les oiseaux.

Stop à Dakar. Plane la saleté.

La mienne, la vôtre, la leur, la nôtre.

Les rues sont gravas, les toits sont poubelles.

Suis-je en mon rêve ou dans ton cauchemar.

Ô mère féconde. Ô mère apôtre.

Tes fils altiers, tes filles sont si belles

Que des semailles naquirent leurs arts.

Stop à Oussouye au cœur de la poussière,

Oasis de lumières et de fleurs,

Où l’horloge du temps semble figée.

L’européen qui revient de naguère

Retrouve ses racines et ses leurres,

Et ses désillusions, éberlué.

Noire est la nuit enrobée de misère.

Sombre est la mienne ornée d’hypocrisie.

La saleté est partout triomphante.

Saisissant contraste au cœur de Cythère,

Où se côtoient hier et aujourd’hui

En de subtiles odeurs enivrantes.

Dans la mangrove, nulle vérité.

Et pas de mensonge dans la poussière.

Les bolongs se faufilent éperdument

Dans un vert écrin de palétuviers.

La sécheresse imprime les rizières

Pour effacer le décorum sans temps.

Stop. Eloubaline pour un retour

Au rythme du bombolong et sans eau.

Dame nature impitoyablement

S’acharne sur un peuple sans atours,

Sans or, ni paraître, sans rien de beau.

La vie végète inexorablement.

Attendrissement sur l’enfant sans voix.

Elle m’entend, sourit avec son cœur.

S’assied la fillette sur mes genoux.

Ses yeux diamant me laissent pantois.

Je lui offre quelqu’instant de bonheur,

Et une glace à l’eau de quatre sous.

Songez que l’humanitaire est indigne,

Qu’il s’assoit parfois sur l’ignominie,

Que l’on y retrouve aussi en son sein,

Malséance que point je ne désigne ;

Que vouloir associer Occitanie,

A Casamance n’est pas puritain.

Tout ce temps qu’il me fallut et comprendre.

En écrivant ces vers, car ce fut là,

Aux écoles, des visites sans sens.

Fiel et nausée de ce moi qui voit prendre

Quelques brisures de riz çà et là

Collectées pour plaire à l’inconvenance.

Stop à Gorée. Se lamentent les murs.

J’entends encore les cris des esclaves,

Les pleurs et des gémissements d’enfants,

Et la plainte des femmes. Ô, c’est dur

De ne pouvoir s’échapper de l’enclave.

Quand la cruauté rime avec le temps.

A vous de comprendre ce que je vis.

Le 14 mars 2016

Gérard René Evrard

Ecriture commencé Oussouye, je ne pus l’achever qu’à Vals-les-Bains


ROMANS :

- L'amiante, ils savaient

- Les fleurs de la nuit

- Le grand voyage

- Le mal des mauves

- Les palais de l'injustice

- Sans papier

- Ma grand-mère avait un amant

- La femme de l'autre.

POESIE:

- D'amour et d'Ardèche

- Fleuraison poétique.

COORDONNEES

Gérard René Evrard, 89 faubourg d'Antraigues, 07600 Vals-les-Bains, téléphone : 0972991478, courriel : <gr.evrard@orange.fr>