Balade

(Pour koras et balafons)

Afrique, balade dans tes pagnes, balade-pirogue.

Mystère de tes cases sous les fromagers.

Arbres, du voyageur, à palabres.

Empire Songhaï, coulant le long du fleuve.

De grands noms résonnent dans ta brousse enfiévrée de lianes.

Chaka, roi déchu.

Afrique, balade parmi tes peuples, balade touareg.

De tes dunes en arène colorée, le nomade s’y sent libéré.

Alfa nourrissante des troupeaux de dromadaires.

Voyageur, tu passes de la forêt au désert.

Les poètes nous accompagnent, le nom de Mziz résonne encore.

Les soirs de lune rousse, les moula-moula se cachent au cœur des acacias épineux de vérité.

Mali ! Grand empire divisé !

Afrique, balade dans tes légendes, murmurées.

Au sein des cases de Banco.

Résonance de tes faits d’armes, aux larmes coulées

De tes peuples engrillagés.

Empire déchu, empire volé, violé par des agresseurs à la blanche peau,

À la noirceur d’âme.

Seuls subsistent les masques Dogon, réfugiés

Aux grottes d’un plateau millénaire.

Afrique, balade dans tes masques, sages, guerriers, dieux ou déesses.

Masques Dogon à la danse aérienne, tourbillonnants

Dans la poussière ocre.

Danse mystique, effrénée,

Qui honore ses ancêtres,

Effraie le visiteur

Les masques sont en transe, virevoltants,

Pour s’effondrer

Au sol

Le silence dans les rangs, les ancêtres sont honorés.

Le masque gît

Personne n’en sort.

Mystères et traditions de l’Afrique, hermétique à d’autres ailleurs

Quelle beauté nous réserves-tu aux siècles à venir ?

Afrique, balade dans tes lieux saints, et tes palais.

De Tombouctou où Sankoré bâtit sa mosquée, femme en pays Manding

Qui imposa sa charité comme mode de vie

À l’Assekrem, son haut plateau

Et son refuge

Charles de Foucauld.

Religions multiples aux grands noms évocateurs.

Villes impériales du Maroc,

Mogador la douce fleurant bon l’iode du Grand Océan.

Temples enfouis dans les sables fins d’Egypte,

Églises monolithes de Lalibela ou simple pierre déifiée à l’aune des temps.

Au son des cloches ou du muezzin, tes fidèles accourent pour t’adorer.

De l’animisme au monothéisme, tu vas ta vie

Échine courbée devant tant d’inconnu.

Afrique, balade des femmes, balade des déesses.

Femmes touarègues, Toubous, Peuls aux visages fins.

Belles et gracieuses, parées, sacralisées, mystérieuses.

Femmes noires, embellies de boubous multicolores.

Ou alors cachées derrière la burqa des femmes faciles de l’Antiquité.

Maltraitées, suppliciées ou esclave du plaisir d’hommes frustres.

Jeunes filles violentées, enlevées ou mariées de force.

Et pourtant toujours fortes, chantantes, penchées sur le fourneau où mijote le Djaratankai.

Sérénité du foyer.

Afrique balade, balade dans tes villes, dans tes pays

Tu nous as interpellés ;

Toi le soldat-poète

Moi le peintre-poète.

Chacun à notre manière, tu nous as pris.

Oh ! Belle balade africaine !

Tes chants, tes you-you, tes tams-tams,

chœur de femmes, cœur des hommes

De notre chant nous t'honorons

Afrique balade,

Belle Afrique !


Karine van de Velde dans «Au temps de l’hivernage» LC éditions paru en mars 2016

Livres publiés : Les écueils du recueil, éditions Langlois Cécile, décembre 2014, recueil de poèmes ISBN : 979-10-93510-12-5

Au temps de l’hivernage, LC éditions, mars 2016, recueil de poèmes ISBN : 979-10-93510-57-6

A paraître : L’improbable voyageur, LC éditions, roman.

Peintre orientaliste et écrivain

Atelier Afrikavelde

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