J’ai la grande tristesse de vous annoncer le décès de Louis-Agnès COTTEREAU, peintre et poétesse reconnue et appréciée d’un public de connaisseurs, survenu le samedi 17 septembre 2016 à Paris.

Ses amis sont conviés le vendredi 23 septembre à 09h00 au funérarium de l’hôpital Tenon (3 rue Belgrand, Paris 20e, M° Gambetta) (passé). La cérémonie religieuse aura lieu à 14h30 à l’abbaye de Thiron Gardais (Eure-et-Loir) et l’inhumation à 15h15 au cimetière du même lieu.

Suit un choix de poèmes de Louise-Agnès COTTEREAU.

Jean HAUTEPIERRE



Comme feuilles volant,

Sont laudes s’élevant

Dans le cœur, qu’une sonde

A percé, puis délivre, bleui

De souvenirs.

Les lenteurs et les ombres

Et l’adieu des étés,

Avant de se noyer

Dans la sollicitude des dernières

Lumières,

S’éploient telles des âmes auréolées

D’empreintes aux moires automnales.

Fervente est la prière

D’espoir enluminée, lyre

Vespérale,

Antienne murmurée

Qui se délie

Du monde

Et brise maint orbe sombre.

Louise-Agnès COTTEREAU



FLEURS DE POMMIERS



Blancheurs d’étoiles multipliées

En un bouquet géant,

D’une grâce de voile

Pour les noces fantasques

Aux impalpables joies,

D’immenses et invisibles fées

Radieuses et pâles.

Transparences de Voie Lactée,

Plus que l’écume légère,

Neige éphémère

Des printemps généreux

En liesse,

Comme poètes fous, oublieux

De leurs fêtes nouvelles,

Corolles et jeunesse

Sous les cieux déployées,

Qui récréent l’innocence plus joliment

Qu’un lis encore ne le ferait.

Croix ouvertes, aux fragiles

Et frémissants pétales

Que dispersent des vents

Aussi doux qu’hésitants.

Tendresse, don des anges, présente,

Miracle sur les branches posé,

Nuage immaculé d’allégresse florale

Cantate qui exalte et les prés et les sentes

Et qui surgit des haies

Comme un enchantement.

Louise-Agnès COTTEREAU



RIVAGE



Les entrelacs verts et virgiliens

De branches et de haies taillées

Sur le bleu de la mer,

La mer à son bleu le plus bleu.

De courtes chevelures enroulées

Et dansantes, déesses d’azur et d’argent

Aux caprices nubiles, enserrent

Les rochers.

Des corolles

De nuages fleurissent le levant.

Un pré verdissant

A l’émeraude ombreux,

Tel un printemps renaissant,

S’allonge sous les pins

Qui s’élèvent dans les poudroiements légers

Et les franges

Tissées de gris du ciel,

Un ciel immatériel

A l’horizon soyeux.

La vie sur la plage

Est heureuse.

On nage et l’on voyage

En ce matin des dieux,

Comme un oiseau en vol.

Et un sillage d’ange

Sillonne les eaux bleues.

Louise-Agnès COTTEREAU



MOUETTES SUR PARIS



Longs cris angoissés aux flèches transperçant

Les nuées et les vents de l’automne,

Méprisant cimes et cheminées,

Lignes aiguës aux grâces de barcarolles,

Passent et repassent et à plusieurs s’enfuient,

Insolites, les mouettes sur Paris.

Vers les lointains profonds, comme

Au plus haut du ciel, s’élancent

Leurs blancheurs de neige dorées

Par le soleil.

Les nonchalances balancées de leur vol

Envoûtent le regard, telles les marées assoupies

Qu’irise et berce la mer.

La Seine aux aplats

Argentés, sans merveilles

Océanes et vertes, les attire cependant.

Poésie et mystère.

Ah ! les suivre sur un navire en ses voilures et les mâts

Par les bleus et les gris du temps,

Infiniment.

Louise-Agnès COTTEREAU



LE JOUR SE NOIE



Les vagues serpentements

Mordorés du feuillage

Aux paresseuses lames

Se voilent en cet enclos

De rives musicales,

De gris, de rose et de douceur

Et sont un baume pour le cœur.

Le jour se noie sous les ombrages

Où glisse un reflet automnal.

Les nimbes effacés

De ses clartés bleuies

Se parent de rêveries

Sur les rides de l'eau.

Un velouté de lune entame

Et poétise l'arc d'un pont lointain

Aux fragiles couleurs,

Croissant d'opale qui se dore,

Encens divin

D'un soir qui est jour de pâleur,

D'aurores incolores.

Louise-Agnès COTTEREAU



AUTOMNE 2001



La pluie suinte en silence

Sur les pétales du rosier,

Sur la douceur ailée des oiseaux assemblés

Encore ensommeillés.

Mélancolie suave des ramiers à l’impatience

Argentée. Quelques feuilles tombent pâles,

Camées ovales,

Sur la pelouse et les rameaux tissés

De fins roseaux soyeux.

Matin bleu.

Peu d’or sur les feuillages au chant

Perle de rêve, allègres et printaniers.

Plumes mauves, plumes grises. Lumière

Fugitive entre deux nuages qui s’effilent

Mélodieux.

La nature n’a su choisir

Parmi les beautés

Et les charmes de ses plus vives saisons.

Les frondaisons s’amenuisent mettant

A vif le cœur de leurs secrets profonds.

Et du ciel la pie voit son nid

S’incliner sur la lyre de son peuplier.

Mais les âmes demeurent sombres et troublées.

Des ombres et des cendres sur elles sont retombées.

Et l’hiver se prépare à sévir.

Cruautés, folies, effroyables nuits

Qui raidissent à mort les nouveau-nés fragiles.

Peut-on imaginer qu’un printemps fleurissant

D’anges blonds florentins, d’ailes et de sourires

Ferait de cette terre

Un jardin sans blessures, serein et rosissant

D’une paisible enfance.

Louise-Agnès COTTEREAU



ETOILES SUR KOBÉ



Trop douce magnificence du soir,

Fines écailles éclatées

D'une diaphane déité.

Monstres dans l'émeraude noyés

Qui voguent lentement et semblent dans les nuages

En leurs spirales étoilées,

En leurs volutes et dents d'opale,

Capter et déchirer la lune, sans défense rêvant,

Divinement fardée de pâleur et de blanc.

Scintillent en deçà des montagnes l'argent

Fleuri des astres, le givre du vent glacial

Frémissant

Au-dessus des cerisiers teints de noir

Et de rose quiétude enneigés.

Le halo incarnat des lanternes chinoises

Enflamme de subtiles et folles féeries,

La nuit et ses mirages

A l'éclat monacal,

Impérial envol aux effluves courtoises.

Les mâts et les cordages,

Les fils à l'infini

Se mêlent au feuillage fragile et fantomal,

Au nimbe des corolles à l'incarnat de fée.

Louise-Agnès COTTEREAU



L'OR DES FEUILLES



De ses ocelles bleues l'aile des embellies,

Captive des nuages,

Allège les feuillages

Rougeoyants qui se meurent.

Sagesse du silence

Loin, au-delà des vents

Et des souffles violents.

Perle azurée d'un ciel

Aux clartés imprécises d'archanges recueillis,

Rêvant à l'âme d'or des feuilles frissonnantes

Que la peur

Et les pluies

Assemblent en trésors fascinants

Parsemés sur l'herbe sereine, rivière restée vivante

Et verte du printemps.

L'automne, héraut de mort, joue de ses préférences,

De ses grises veinures en leurs cendres noyées,

D'errances altérées,

De tournoiements obscurs où s'abîme l'appel

De l'ocre et des rubis

Quand furtif et léger,

S'efface l'ultime fard de l'été.

Louise-Agnès COTTEREAU



AU COEUR BLEU DES RIVAGES



Au cœur bleu des rivages

S'est penché le silence

Aux transparences parme

Et aux larmes

Lointaines d'étoiles

Et de perles.

Il n'est pas d'heure

Sur l'herbe verte.

Les arbres lancent des appels.

L'améthyste des pierres

Enchante les ombrages,

Le voile heureux de la lumière

S'étend sur l'eau bleuie des rêves.

De longues feuilles grêles,

Aux hampes de Circé

Et de reines, lancent

Leurs agressives serpes, d'or

Et d'argent éparpillées,

Vers de naïves fleurs

Inclinées,

Couleur d'aurore.

Louise-Agnès COTTEREAU



Tout nouveau.