Poèmes Choisis Par Ada Aharoni

Premier Poème - Régina : à Izmir, à Izmir



Tout d’abord j’ai sélectionné une des poésies que j’ai écrites en mémoire de mon aïeule Régina, qui vivait à Toledo, plus de 500 ans auparavant, et qui a dû s'enfuir d’'Espagne lors de l'Inquisition. Le Sultan de Turquie, aida les Juifs à s'échapper, et il leur permit de s'installer à Izmir ou Istamboul.

Ma grand mère, du nom de Régina Hemsi, s’installa à Port Said.

Aujourd'hui, alors que Juifs et Musulmans essaient d'installer une paix durable entre eux, il est important de se rappeler que la Turquie a sauvé près d'un demi - million de Juifs au cours de la terrible Inquisition espagnole.

Régina : à Izmir, à Izmir

En terre Séfarade, il y a cinq cents ans,

mon arrière, arrière grand-mère Régina

fuyant les cruelles persécutions de l’Inquisition,

sécha ses larmes espagnoles

et fit voile avec les étoiles

et des milliers de ses soeurs et frères

pour Izmir, pour Izmir...


Elle dut abandonner à Tolède - théâtre de la dramatique

expulsion des Juifs -

ses poèmes, Bible et Haggada

aux enluminures préférées,

les précieux documents scientifiques de son père,

tout son glorieux passé de Juifs d’Espagne

semblable à une Toison d’Or moelleuse,

alors qu’elle volait avec les étoiles

et ses soeurs et frères

qui pleuraient par milliers -

vers Izmir, vers Izmir...


L’oiseau interrompit son vol,

le coeur interrompit ses cris

Vole, ô oiseau, vole,

Pleure, ô coeur, pleure,

Pleure, mon âme, pleure,

Car il y a des mauvaises gens

qui ne te laissent pas vivre


"El pasharo vola, El korasson yora

Yora mi alma yora, No te deshan vivir,

Tenemos mala gentes, No te deshan vivir…"


L’oiseau traumatisé lissa ses plumes

et se nicha douillettement

dans le nouveau refuge

prodigué par la douceur

d’une hospitalité filigrane

sous des mosaïques surannées

faisant renaître l’espoir

dans les yeux brillants de Régina,

sur les rivages étoilés

du bel Izmir, du merveilleux Izmir...

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Régina me murmura :

C’est ce que nous devons

commémorer aujourd’hui -

l’accueil de nos frères et soeurs

il y a plus de cinq cents ans par la brave Turquie '' et non pas seulement leur expulsion par l’Espagne''... ”


Je consentis vivement - et Régina sourit,

à Izmir, à Izmir, en route pour

l’Egypte et Port Said, et puis

vers la glorieuse Jérusalem dorée et adorée.



Je consacre les deux suivants poèmes à la mémoire

de mon cher père -

Nessim Yadid (Diday), du Caire

et de Paris




Une Semaine Verte

Semaine de menthe fraiche

semaine verte

jusqu’aux racines de l’être

semant son arôme parfumée


Gomatek khadra, qu'elle soit toute verte,

ta semaine verte

annoncait triomphalement mon père

le samedi soir au Caire




En nous donnant

sa bonne bénédiction

de retour des Portes du Paradis,

la grande synagogue de la rue Adli.


Que ta semaine soit toute verte,

disait-il rayonnant en passant

la branche de menthe parfumée

au-dessus de nos têtes enthousiasmées


Et surtout -

n'oubliez pas de la retourner

toute en fleur -

au monde entier


Qui me donnera une semaine verte

maintenant qu’il n'est plus ?

maintenant que les Portes du Paradis

sont fermées ?

Seule la paix - seule la paix.



Le Second Exode


Aujourd'hui j'apporte à nouveau

Mon vaisseau

De grain

A ton port père,

En humant l'odeur de blé

Que tu aimais -

Moi dans le Silo Dagon à Haifa,

Toi là-bas, si loin, si près.


Joseph en Egypte,

Jarres de Canaan,

Fouilles rituelles en bronze des temples,

Pilons, meules et mortiers -

Tout me ramène à toi

Devant ta vieille balance rouillée

Au Mouski au Caire, par la menthe parfumée.


Je me souviens de ton bureau beige-orange,

Avec Tohami le sourd

Pesant les sacs de farine lourds -

Et moi, écoutant le cri des oiseaux

Piaillant l'alarme dans la charpente :

'"'Sois vif, vite juif errant,''

ouvre tes yeux, juif

car il te faudra

encore une fois

t'envoler …"


A voir ce flot de grain doré

Dans le silo de Dagon couler,

Sous les bras puissants des grues géantes,

Mes yeux s'emplissent de graines,

Car tu n'es pas là avec moi

Pour contempler ce beau spectacle -

Terre que tant tu aimais,

Mais où tu n'es pas enterré.


Pour toi cher père,

Je plante aujourd'hui un champs de blé,

Pour toi,

Qui toujours nous enseignais

Comment semer.



Je consacre le suivant poème à la mémoire

de ma chère mère tant aimée

Fortunée Hemsi Yadid (Diday),

du Caire et de Paris


Mamica


Tu connaissais l'Emile de Rousseau

D'instinct, par coeur,

Tu nous laissais trotter pieds nus,

Dans les chaumes dorés,

Dormir fenêtres grandes ouvertes


Tu nous donnais tout ce que tu avais

De tes deux mains pleines,

Parfois tu oubliais de manger -

Jamais de nous nourrir,

Tous nos actes et paroles

Avaient pour toi l'éclat du diamant,

Tes enfants étaient tes petits dieux.




Même quand je t'ai quittée

Et quitté la France,

Pour un pays que j'aimais,

Tu n'as montré ni peine ni colère,

Tu as donné ta fille au kibboutz

Avec un sourire, suivi de larmes.


Aujourd'hui, en retour, nous te bénissons

Comme une reine,

Sortant du coeur du métro parisien,

Auréolée d'amour,

Mami, mamica, fille des vagues,

A la belle plage de Bat-Galim,

Comme auparavant à Alexandrie,

Souriante sur un coquillage,

Reine couronnée d'amour.



Mon cinquième poème je l’adresse à mon amie d’école, Kadreya Fayoumi. Nous étions ensemble en classe, à l’école anglaise Alvernia, dans le quartier de Zamalek, au Caire. Je me souviens avec attendrissement de l’édition, que nous assurions, du magazine littéraire de l’école, The Rainbow - l’Arc En Ciel. Déjà, à ce jeune âge, mon amie musulmane et moi, nous exprimions ensemble notre profond désir de l’abolition des guerres.




De Haifa au Caire Proche Lointain




Je me souviens du sirop sucre de canne velouté

qu’ensemble nous buvions

dans la douceur de l’air bleuté,

sous des cieux ouverts,

des graines de tournesol

qu’ensemble nous craquions,

avec des plaisanteries

rires faisant écho ensolleillé

dans le soleil


Qu’elles étaient délicieuses

les patates douces grillées

en ces jours d’arc-en-ciel dorés

et des ravissantes poupées

de sucre toutes enveloutées !




Mais contrairement à toi, chère Kadreya,

amie de mes jours de classe ensoleillés,

on m’a dit que je n’étais

qu’un oiseau de passage,

rien qu'une visiteuse -

bien que née sur la terre du Nil.




Par l’Egypte incitée,

mes ailes juives j’ai déployé

en quête d’un nouveau nid.

Sur le Mont Carmel, je l’ai trouvé

et suis décidée d’y rester.


Aujourd’hui mon désir premier

est que nos fils soldats, soient baignés

des rayons de paix, par leurs mères créés,

quand plus jeunes qu'eux elles étaient

aux jours d'arc-en-ciel si proches -

si lointains.



Le sixième poème je le dédicace à la mémoire de mon mari Haim tant aimé


A mon Capitaine dans le Sinai (1973)




Cinq fois j’ai hurlé

avant que ne paraisse l’aube,

mon lit secoué

grinçait de peur

sous mon épaule agitée,

tandis que dans ma gorge

grandissait et m'étouffait

la béance d’un cratère meurtrier.


Depuis qu'on t’a emmené

à la guerre de Yom Kippour

le soleil est sable noir,

les missiles dans leurs emballages sinistres

frôlent mon souffle, le font exploser,

et me laissent un glaçon étouffé.




Avant que la nuit

ne meure à nouveau sur mes lèvres,

fais moi signe du fond du désert,

Ô mon amour,

Envoie - moi un signe de vie

pour que je puisse vivre

transformant mes hurlements

en cris de paix...





Après la Guerre de Kippur, je voulus de toute mon âme, plus que jamais, que les guerres soient supprimées. Ma haine croissante pour cette vieille ennemie insensée - la guerre, donna naissance au poème qui suit.


Je veux te tuer, guerre




Je veux te tuer guerre -

Je ne comprends pas pourquoi

tous les peuples du monde

ne se prennent-ils pas par la main

pour te tuer guerre -

toi la plus grande tueuse de tous


Les dirigeants de ce monde

continuent de t’engraisser

avec de frais soldats

et des armes nucléaires,

leurs vues brouillées

ils ne savent que pendre

les meurtriers d’un ou de deux,

mais pas toi, toi,

la plus grande meurtrière

de tous


Après le carnage, le prêtre dit

nous sommes tous responsables ”.

Après le carnage, le sheikh dit

nous sommes tous frères ”.

Après le carnage, le rabbin dit

nous avons le choix de le faire cesser




Le prêtre, le sheikh, et le rabbin

lèvent les mains

et les yeux au cieux


Les marcheurs de la paix

empoignent la plaque de marbre

où est inscrit

nous voulons vivre, pas mourir

et l’emportent au loin

sous le sifflement des balles,

comme un cadavre encore tiède -

encore vivant.



Le dernier poème je le dédicace "A Salima, mon amie palestinienne"




Le Pont de la Paix


Ils demeureront chacun sous sa vigne et son figuier,

et personne pour les troubler...(Michée 3, 4)



Celui qui marche avec la paix – marche avec lui !

(Le Koran, Sura 48)


Salima, ma soeur Palestiniene,

viens, construisons un miraculeux pont

de ton figuier et de ta vigne aux miens

par dessus la souffrance bouillante des guerres

et de l’Intifada.


Salima, ma chère amie,

quand rirons-nous de nouveau

comme deux femmes

au lieu de pleurer amèrement sur

les pierres tombales

de nos fils tombés ?




Toi et moi, mon amie,

sur cette passerelle miraculeuse,

de ton oliveraie à la mienne

de mon orangeraie à la tienne

dans le parfum des jasmins en fleurs,

nous tenant par la main

chuchotant des secrets sur nos amours,

nos enfants, nos parents, nos projets,

et notre ardent, si ardent désir

d’un ciel d’un bleu éclatant et d’une nuit

irradiée d’étoiles, perles de paix.


Je ne veux pas être ton oppresseur,

tu ne veux pas être mon oppresseur

ni ton geôlier, ni mon geôlier -

nous ne voulons pas nous faire peur

sous nos vignes et nos figuiers

en fleurs dans un horizon métallique déchiré

par les meurtrissures et le sang versé

de nos enfants,

par les pierres, les balles, les missiles.


Ma chère soeur arabe,

hâtons-nous de construire

ce pont solide et libre

sur lequel chacune de nous

pourra s’asseoir avec son bébé,

sous sa vigne et sous son figuier,

et nul ne pourra les effrayer,

et personne ne pourra les troubler.



Commentaires sur le livre d’Ada Aharoni :




Du Nil Au Jourdain




Prof. Ada Aharoni expose avec sensibilité et une plume de maître, une histoire d’amour captivante entre Inbar, jeune femme activiste dans le mouvement des jeunes Juifs d'Egypte, et Raoul, rescapé de l’holocauste. L’histoire qui est bâtie sur des faits historique, se passe pendant l’Exode des Juifs d’ Egypte (1948 – 1967), à la suite de la création de l’Etat d’Israël. Cet exode historique est peu connu, et l'auteur révèle plusieurs aspects profonds, qui illumine les bases inconnues du Conflit Israëlien - Arabe, de nos jours.

Le roman est basé sur des faits historiques bien recherchés et étudiés par Ada Aharoni. Inbar et Raoul, deux aspects du peuple Juif, trouvent leur voie du Nil au Jourdain, où ils s’assurent des liens d’amour, et une nouvelle identité éternelle à Israël et à eux mêmes.

Ce livre qui révèle une histoire dramatique et captivante des Juifs sortis d’Egypte, lors de leur “Second Exode,” est une contribution importante à la littérature contemporaine. A la suite de la publication du livre en Israël et en Amérique, il reçut plusieurs prix. Des auteurs et journaux éminents ont commenté :

Aharon Megged : Jai lu ce livre d’un trait, il m’a donné accès à un monde que je connaissais peu. C’est un livre dans une direction toute nouvelle que nous n’avions pas décelée, la parution du livre est fort à propos, et il a un intérêt universel.

A.B. Yehoshua : beau, captivant, héroïque... le livre révèle d’une façon captivante, tout un mode de vie, lié à l’histoire du peuple Juif, qui est peu connu par le monde.

Globe Times : un livre d’une importance décisive, rapportant des faits sur Le Second Exode des Juifs d'Egypte, en notre propre temps, que l’histoire avait perdu.

Toronto Star : une étude approfondie des relations humaines, et une connaissance fiable de l’âme humaine, et de l'amour, enrichissent ce livre...

Jerusalem Post : l’auteur crée un monde nouveau, varié, riche en caractères et événements. Une inoubliable partie de l'histoire humaine.._,_._