Poèmes Choisis Par Ada Aharoni (8) et commentaires de son livre : DU NIL AU JOURDAIN.
Par Martine Gilhard, jeudi 10 mars 2016 à 21:34 :: Le coin poésie :: #2232 :: rss
Poèmes Choisis Par Ada Aharoni (8) et commentaires de son livre : DU NIL AU JOURDAIN.
De la part D'Ada AHARONI, ada.aharoni06@gmail.com.
Poèmes Choisis Par Ada Aharoni
Premier Poème - Régina : à Izmir, à Izmir
Tout d’abord j’ai sélectionné une des poésies que j’ai écrites en mémoire de mon aïeule Régina, qui vivait à Toledo, plus de 500 ans auparavant, et qui a dû s'enfuir d’'Espagne lors de l'Inquisition. Le Sultan de Turquie, aida les Juifs à s'échapper, et il leur permit de s'installer à Izmir ou Istamboul.
Ma grand mère, du nom de Régina Hemsi, s’installa à Port Said.
Aujourd'hui, alors que Juifs et Musulmans essaient d'installer une paix durable entre eux, il est important de se rappeler que la Turquie a sauvé près d'un demi - million de Juifs au cours de la terrible Inquisition espagnole.
Régina : à Izmir, à Izmir
En terre Séfarade, il y a cinq cents ans,
mon arrière, arrière grand-mère Régina
fuyant les cruelles persécutions de l’Inquisition,
sécha ses larmes espagnoles
et fit voile avec les étoiles
et des milliers de ses soeurs et frères
pour Izmir, pour Izmir...
Elle dut abandonner à Tolède - théâtre de la dramatique
expulsion des Juifs -
ses poèmes, Bible et Haggada
aux enluminures préférées,
les précieux documents scientifiques de son père,
tout son glorieux passé de Juifs d’Espagne
semblable à une Toison d’Or moelleuse,
alors qu’elle volait avec les étoiles
et ses soeurs et frères
qui pleuraient par milliers -
vers Izmir, vers Izmir...
L’oiseau interrompit son vol,
le coeur interrompit ses cris
“ Vole, ô oiseau, vole,
Pleure, ô coeur, pleure,
Pleure, mon âme, pleure,
Car il y a des mauvaises gens
qui ne te laissent pas vivre …
"El pasharo vola, El korasson yora
Yora mi alma yora, No te deshan vivir,
Tenemos mala gentes, No te deshan vivir…"
L’oiseau traumatisé lissa ses plumes
et se nicha douillettement
dans le nouveau refuge
prodigué par la douceur
d’une hospitalité filigrane
sous des mosaïques surannées
faisant renaître l’espoir
dans les yeux brillants de Régina,
sur les rivages étoilés
du bel Izmir, du merveilleux Izmir...
%%
Régina me murmura :
“ C’est ce que nous devons
commémorer aujourd’hui -
l’accueil de nos frères et soeurs
il y a plus de cinq cents ans par la brave Turquie
''
et non pas seulement leur expulsion par l’Espagne''... ”
Je consentis vivement - et Régina sourit,
à Izmir, à Izmir, en route pour
l’Egypte et Port Said, et puis
vers la glorieuse Jérusalem dorée et adorée.
Je consacre les deux suivants poèmes à la mémoire
de mon cher père -
Nessim Yadid (Diday), du Caire
et de Paris
Une Semaine Verte
Semaine de menthe fraiche
semaine verte
jusqu’aux racines de l’être
semant son arôme parfumée
Gomatek khadra, qu'elle soit toute verte,
ta semaine verte
annoncait triomphalement mon père
le samedi soir au Caire
En nous donnant
sa bonne bénédiction
de retour des Portes du Paradis,
la grande synagogue de la rue Adli.
Que ta semaine soit toute verte,
disait-il rayonnant en passant
la branche de menthe parfumée
au-dessus de nos têtes enthousiasmées
Et surtout -
n'oubliez pas de la retourner
toute en fleur -
au monde entier
Qui me donnera une semaine verte
maintenant qu’il n'est plus ?
maintenant que les Portes du Paradis
sont fermées ?
Seule la paix - seule la paix.
Le Second Exode
Aujourd'hui j'apporte à nouveau
Mon vaisseau
De grain
A ton port père,
En humant l'odeur de blé
Que tu aimais -
Moi dans le Silo Dagon à Haifa,
Toi là-bas, si loin, si près.
Joseph en Egypte,
Jarres de Canaan,
Fouilles rituelles en bronze des temples,
Pilons, meules et mortiers -
Tout me ramène à toi
Devant ta vieille balance rouillée
Au Mouski au Caire, par la menthe parfumée.
Je me souviens de ton bureau beige-orange,
Avec Tohami le sourd
Pesant les sacs de farine lourds -
Et moi, écoutant le cri des oiseaux
Piaillant l'alarme dans la charpente :
'"'Sois vif, vite juif errant,''
ouvre tes yeux, juif
car il te faudra
encore une fois
t'envoler …"
A voir ce flot de grain doré
Dans le silo de Dagon couler,
Sous les bras puissants des grues géantes,
Mes yeux s'emplissent de graines,
Car tu n'es pas là avec moi
Pour contempler ce beau spectacle -
Terre que tant tu aimais,
Mais où tu n'es pas enterré.
Pour toi cher père,
Je plante aujourd'hui un champs de blé,
Pour toi,
Qui toujours nous enseignais
Comment semer.
Je consacre le suivant poème à la mémoire
de ma chère mère tant aimée –
Fortunée Hemsi Yadid (Diday),
du Caire et de Paris
Mamica
Tu connaissais l'Emile de Rousseau
D'instinct, par coeur,
Tu nous laissais trotter pieds nus,
Dans les chaumes dorés,
Dormir fenêtres grandes ouvertes
Tu nous donnais tout ce que tu avais
De tes deux mains pleines,
Parfois tu oubliais de manger -
Jamais de nous nourrir,
Tous nos actes et paroles
Avaient pour toi l'éclat du diamant,
Tes enfants étaient tes petits dieux.
Même quand je t'ai quittée
Et quitté la France,
Pour un pays que j'aimais,
Tu n'as montré ni peine ni colère,
Tu as donné ta fille au kibboutz
Avec un sourire, suivi de larmes.
Aujourd'hui, en retour, nous te bénissons
Comme une reine,
Sortant du coeur du métro parisien,
Auréolée d'amour,
Mami, mamica, fille des vagues,
A la belle plage de Bat-Galim,
Comme auparavant à Alexandrie,
Souriante sur un coquillage,
Reine couronnée d'amour.
Mon cinquième poème je l’adresse à mon amie d’école, Kadreya Fayoumi. Nous étions ensemble en classe, à l’école anglaise Alvernia, dans le quartier de Zamalek, au Caire. Je me souviens avec attendrissement de l’édition, que nous assurions, du magazine littéraire de l’école, The Rainbow - l’Arc En Ciel. Déjà, à ce jeune âge, mon amie musulmane et moi, nous exprimions ensemble notre profond désir de l’abolition des guerres.
De Haifa au Caire Proche Lointain
Je me souviens du sirop sucre de canne velouté
qu’ensemble nous buvions
dans la douceur de l’air bleuté,
sous des cieux ouverts,
des graines de tournesol
qu’ensemble nous craquions,
avec des plaisanteries
rires faisant écho ensolleillé
dans le soleil
Qu’elles étaient délicieuses
les patates douces grillées
en ces jours d’arc-en-ciel dorés
et des ravissantes poupées
de sucre toutes enveloutées !
Mais contrairement à toi, chère Kadreya,
amie de mes jours de classe ensoleillés,
on m’a dit que je n’étais
qu’un oiseau de passage,
rien qu'une visiteuse -
bien que née sur la terre du Nil.
Par l’Egypte incitée,
mes ailes juives j’ai déployé
en quête d’un nouveau nid.
Sur le Mont Carmel, je l’ai trouvé
et suis décidée d’y rester.
Aujourd’hui mon désir premier
est que nos fils soldats, soient baignés
des rayons de paix, par leurs mères créés,
quand plus jeunes qu'eux elles étaient
aux jours d'arc-en-ciel si proches -
si lointains.
Le sixième poème je le dédicace à la mémoire de mon mari Haim tant aimé
A mon Capitaine dans le Sinai (1973)
Cinq fois j’ai hurlé
avant que ne paraisse l’aube,
mon lit secoué
grinçait de peur
sous mon épaule agitée,
tandis que dans ma gorge
grandissait et m'étouffait
la béance d’un cratère meurtrier.
Depuis qu'on t’a emmené
à la guerre de Yom Kippour
le soleil est sable noir,
les missiles dans leurs emballages sinistres
frôlent mon souffle, le font exploser,
et me laissent un glaçon étouffé.
Avant que la nuit
ne meure à nouveau sur mes lèvres,
fais moi signe du fond du désert,
Ô mon amour,
Envoie - moi un signe de vie
pour que je puisse vivre
transformant mes hurlements
en cris de paix...
Après la Guerre de Kippur, je voulus de toute mon âme, plus que jamais, que les guerres soient
supprimées. Ma haine croissante pour cette vieille ennemie insensée - la guerre, donna naissance
au poème qui suit.
Je veux te tuer, guerre
Je veux te tuer guerre -
Je ne comprends pas pourquoi
tous les peuples du monde
ne se prennent-ils pas par la main
pour te tuer guerre -
toi la plus grande tueuse de tous
Les dirigeants de ce monde
continuent de t’engraisser
avec de frais soldats
et des armes nucléaires,
leurs vues brouillées
ils ne savent que pendre
les meurtriers d’un ou de deux,
mais pas toi, toi,
la plus grande meurtrière
de tous
Après le carnage, le prêtre dit
“ nous sommes tous responsables ”.
Après le carnage, le sheikh dit
“ nous sommes tous frères ”.
Après le carnage, le rabbin dit
“ nous avons le choix de le faire cesser ”
Le prêtre, le sheikh, et le rabbin
lèvent les mains
et les yeux au cieux
Les marcheurs de la paix
empoignent la plaque de marbre
où est inscrit
“ nous voulons vivre, pas mourir ”
et l’emportent au loin
sous le sifflement des balles,
comme un cadavre encore tiède -
encore vivant.
Le dernier poème je le dédicace "A Salima, mon amie palestinienne"
Le Pont de la Paix
Ils demeureront chacun sous sa vigne et son figuier,
et personne pour les troubler...(Michée 3, 4)
Celui qui marche avec la paix – marche avec lui !
(Le Koran, Sura 48)
Salima, ma soeur Palestiniene,
viens, construisons un miraculeux pont
de ton figuier et de ta vigne aux miens
par dessus la souffrance bouillante des guerres
et de l’Intifada.
Salima, ma chère amie,
quand rirons-nous de nouveau
comme deux femmes
au lieu de pleurer amèrement sur
les pierres tombales
de nos fils tombés ?
Toi et moi, mon amie,
sur cette passerelle miraculeuse,
de ton oliveraie à la mienne
de mon orangeraie à la tienne
dans le parfum des jasmins en fleurs,
nous tenant par la main
chuchotant des secrets sur nos amours,
nos enfants, nos parents, nos projets,
et notre ardent, si ardent désir
d’un ciel d’un bleu éclatant et d’une nuit
irradiée d’étoiles, perles de paix.
Je ne veux pas être ton oppresseur,
tu ne veux pas être mon oppresseur
ni ton geôlier, ni mon geôlier -
nous ne voulons pas nous faire peur
sous nos vignes et nos figuiers
en fleurs dans un horizon métallique déchiré
par les meurtrissures et le sang versé
de nos enfants,
par les pierres, les balles, les missiles.
Ma chère soeur arabe,
hâtons-nous de construire
ce pont solide et libre
sur lequel chacune de nous
pourra s’asseoir avec son bébé,
sous sa vigne et sous son figuier,
et nul ne pourra les effrayer,
et personne ne pourra les troubler.
Commentaires sur le livre d’Ada Aharoni :
Du Nil Au Jourdain
Prof. Ada Aharoni expose avec sensibilité et une plume de maître, une histoire d’amour captivante entre Inbar, jeune femme activiste dans le mouvement des jeunes Juifs d'Egypte, et Raoul, rescapé de l’holocauste. L’histoire qui est bâtie sur des faits historique, se passe pendant l’Exode des Juifs d’ Egypte (1948 – 1967), à la suite de la création de l’Etat d’Israël. Cet exode historique est peu connu, et l'auteur révèle plusieurs aspects profonds, qui illumine les bases inconnues du Conflit Israëlien - Arabe, de nos jours.
Le roman est basé sur des faits historiques bien recherchés et étudiés par Ada Aharoni. Inbar et Raoul, deux aspects du peuple Juif, trouvent leur voie du Nil au Jourdain, où ils s’assurent des liens d’amour, et une nouvelle identité éternelle à Israël et à eux mêmes.
Ce livre qui révèle une histoire dramatique et captivante des Juifs sortis d’Egypte, lors de leur “Second Exode,” est une contribution importante à la littérature contemporaine. A la suite de la publication du livre en Israël et en Amérique, il reçut plusieurs prix. Des auteurs et journaux éminents ont commenté :
Aharon Megged : Jai lu ce livre d’un trait, il m’a donné accès à un monde que je connaissais peu. C’est un livre dans une direction toute nouvelle que nous n’avions pas décelée, la parution du livre est fort à propos, et il a un intérêt universel.
A.B. Yehoshua : beau, captivant, héroïque... le livre révèle d’une façon captivante, tout un mode de vie, lié à l’histoire du peuple Juif, qui est peu connu par le monde.
Globe Times : un livre d’une importance décisive, rapportant des faits sur Le Second Exode des Juifs d'Egypte, en notre propre temps, que l’histoire avait perdu.
Toronto Star : une étude approfondie des relations humaines, et une connaissance fiable de l’âme humaine, et de l'amour, enrichissent ce livre...
Jerusalem Post : l’auteur crée un monde nouveau, varié, riche en caractères et événements. Une inoubliable partie de l'histoire humaine.._,_._
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