Nora Atalla vous informe...

Un hommage au poète

Fernando d'Almeida

1955-2015

11 mars 2015

Le dernier voyage d’un des plus grands poètes

de son temps et le plus grand poète du Cameroun



Un grand ami, un grand poète, un grand homme s’est éteint le 23 février 2015 à son domicile à Bonamoussadi (Douala), nous laissant dans le deuil et le chagrin.

Très cher Fernando, tu auras toujours toute notre affection. Ce voyage, il te ramènera toujours vers nous, inévitablement ! Et nous prendrons la route ensemble, encore et encore. Je me plaisais à te penser immortel... tu le seras !



Au nom de toute la communauté des poètes et des écrivains du Cameroun, du Québec et de toute la francophonie, sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à ses amis. Nous sommes de tout cœur avec vous en cette dure épreuve.




Nora Atalla



« Fernando d’Almeida est né le 19 avril 1955 à Douala au Cameroun. D’une mère originaire de Bonantonè-Deïdo et d’un père béninois d’ascendance noire brésilienne, d’où son nom à consonance portugaise. Docteur ès lettres de l’Université de Paris-Sorbonne, ancien journaliste au quotidien gouvernemental camerounais, Cameroon-Tribune, conférencier, critique littéraire, considéré comme le poète le plus décisif, le plus accompli de sa génération et l’un des meilleurs de la francophonie en Afrique. Considéré aussi comme l’une des voix majeures et neuves de la nouvelle poésie africaine, il a publié depuis 1976 de nombreux recueils de poésie, ainsi que des travaux sur les auteurs africains. Premier africain lauréat du Grand Prix de poésie Léopold Sédar Senghor le 28 novembre 2008, décerné par la Maison africaine de poésie internationale (MAPI). Il est resté jusqu’à sa mort, enseignant de littératures française, belge et québécoise à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l’Université de Douala ».

Alphonse Jènè





Il n’est pas de nuit plus maternelle

Que ton corps reflétant toute une vie

Passée à folâtrer dans le demi-jour

D’un amour aimé à l’abrupt de l’âge quand

Tout geste devient excessif sous la grêle...

Des mots dès que les syllabes incisent le nu

Dans l’intensité de la déchirure

T’aimer : raccommoder en toi l’essentiel

Pour que rougeoie l’existence

Afin que ton regard renouvelle notre perception

Des choses entées

Quant à la somptuosité de ton utérus

Quant à la fantasmagorie de tes vertèbres

Fernando d'Almeida, « Corps mémorable » in Boulevard de la Liberté, CCF Blaise Cendrars, Douala, 2005, PP.22-23

Les mots du poète

Poèmes de Fernando d'Almeida

Le sel acide du Temps

Ferme les battants d’une vie

Creusant plus avant

Les sillons des choses anuitées

L’aube ouvre ses portières

Une femme s’éloigne du jour

Cherchant chemin dans l’irrémédiable

A présent que tout se meut

Au pas des tourments

L’abîme s’abîme

Voici que s’époumone le Temps

Dans l’opacité cruelle du Destin

L’absente, Les cahiers de l’estuaire, Douala, 2001, p.76

Tu es ce poète d’altitude buvant

À la goulée chantant à pleine poitrine

La terre qui t’enterre

Dans la nuit de l’aurore

Sous la neige éloquente d’un pays...

Trouvant cohérence

Dans la grande soif d’eaux vives

L’ouvert de l’ultime : tombeau de Gatien Lapointe. Éditions Les écrits des forges et Editions Henry, 2011

.../...

À la vérité c’est en courant

Vers l’impertinence

Que les mots s’agrègent en nous

Pour qu’au consulat des vertiges...

L’ordinaire s’abrite

Dans l’enceinte des péroraisons

Alliées

Attelées à l’adultère de la pensée

.../...

Les mots vertigent à sage escient

Plus rien n’advient

Depuis

Qu’aux porches de la nuit

Ton corps enlace le fleuve

Où se constitue l’insavoir

...

Au nord de Montréal

L’aspérité de la neige façonne

Toute chose lovée sous

Le squelette du temps

Bras reliés sous le mors

Du cyprès tu t’en es allé

Sur le rivage d’où bondit

La gloire de mourir

La fable de l’ineffable, Tombeau de Gaston Miron(1928-1996), L’Harmattan, Paris, 2011, P.9.