L’AMOUR VAINCRA

Dans l’horreur de ces jours de la vie en ce monde,

Où luit l’œil noir, hagard, tout empli d’âpre mal,

Par le vice caché de boucherie immonde,

A surgi du néant, de l’ombre, un animal :

Une bête aux cent corps, aux mille tentacules,

Émergeant de pays où tout semble détruit.

L’abject est révélé, par des airs ridicules.

Comment déraciner son empire construit ?

La peur paraît conduire en cet instant suprême,

Beaucoup de courageux jusqu’alors trépidants.

Elle ne peut gagner au cœur de ce poème

Où vont se dévoiler des desseins fécondants :

En ces moments d’erreur, de folie et de guerre,

La résistance alors, semble notre seul bien.

Pour unir un pays, comme ce fut naguère,

L’amour de la patrie apparaît comme un lien.

Au nom de liberté, liberté qui s’exprime,

Liberté religieuse ou liberté tout court,

Des peuples très blessés, soudain, sans peur, sans frime,

Font face au vil tyran qui n’a plus de recours.

Par l’écrit, le dessin, la parole et l’échange,

Par la caricature aux libertaires airs,

Par tout ce que contient l’Art, bonheur qui s’épanche,

Nous devons réveiller les esprits et les chairs,

Ouvrir un seul instant, timidement, la brèche,

Où s’engage le temps dans son dépassement,

Annoncer à chacun, comme on fait dans un prêche,

La douce volupté d’un juste effacement.

L’humilité fervente, où s’inscrit en silence

Au cœur de l’être, enfin, la paix qui nous ravit,

Harmonie et non haine, en un chant qui s’élance,

Entraîne nos esprits vers l’Amour qui revit :

Amour qui vient emplir le cœur de chaque frère,

Même celui qui vient de commettre un péché,

L’assassin, le violeur, comme le pauvre hère,

Le riche, le gagnant, le gentil, le fauché,

Amour qui nous rassemble aux quatre coins du monde

Pour que cesse à jamais l’ignominie en sang,

Pour que, main dans la main, en une tendre ronde,

Nous sachions tous survivre en un élan puissant !

Composé le 16.2.2015 à AUBENAS (07), Centre-Ville,

Par Martine GILHARD.