REFLEXIONS A VOIX HAUTE D’UN INTELLECTUEL ORDINAIRE SUR LE SENS DE LA VIE EN CE IIIe MILLENAIRE ENGAGE !




Actuellement, je suis en profonde interrogation personnelle sur le sens de l’existence. Certaines personnes pensent que le besoin d’expression d’un intellectuel est essentiellement une affaire d’égo, d’orgueil, une attente et un besoin de reconnaissance. En vérité, ils ne comprennent pas ou ignorent certaines spécificités qui font que plus que d’autres (et ce n’est nullement une question de suffisance ou de prétention à une quelconque supériorité intellectuelle.), non, simplement, chez certains individus la quête et recherche du sens de la vie est plus prégnante que chez d’autres. Alors certes, et malheureusement, actuellement la société n’accorde pas de reconnaissance et d’attention aux efforts individuels des chercheurs d’humanité ; par exemple à tout contact avec une Institution, il est demandé : à quelle organisation appartenez-vous ou qui représentez-vous ? Il se trouve que je suis à la fois un penseur individuel et un participant ou représentant d’ONG ou autre organisation. Alors dans ces conditions, mon profil devient un problème ! Ceci, alors que nous vivons une période historique où les fondements de notre humanité et les organisations de sociétés sont interpellés, bousculés,…..

Présentement, quelques intellectuels labellisés par les divers pouvoirs et Institutions occupent la scène médiatique et disposent ainsi d’un pouvoir d’expression et d’une cour d’admirateurs et de courtisans qui alimente leur ego et nuit leur esprit critique.

Surtout, nombre de ces intellectuels fascinés par leur histoire personnelle ne s’intéressent pas aux travaux d’autres intellectuels qui ne bénéficient pas de l’aura médiatique et de l’entrée dans les Ministères ou autres Institutions. Cela existe en partie, ceci, car les besoin médiatiques pour l’audimat ont besoin d’une personnalisation intense de la vie publique qu’elle soit politique, artistique, ou plus largement intellectuelle limitée à quelques individus par genre.

De nos jours, être un penseur engagé, libre et indépendant farouchement maître de ses pensées est un exercice difficile.




J’ai déjà exprimé à plusieurs reprises ma conception du rôle et de la responsabilité du philosophe aujourd’hui. J’ai rédigé 2 contributions en attente de publication en Amérique faites à l’occasion du congrès CUPHI III (congrès mondial des poètes, auteurs et artistes de langue castillane) qui s’est déroulé à Los Angeles en juillet 2014 avec la présence entre autres d’Arun GANDHI, Ernesto KAHAN, Luis AMBROGGIO……..

Mes 2 contributions traitent : « l’une de paix et engagement citoyen », l’autre de « Philosophie et enjeux sociétaux au XXI e siècle » .Lors de ce congrès, j’ai également offert à la ville de Lo Angeles mon interprétation en version unique française spécifique de la chanson « Because you’re mine » pour le 70ème anniversaire du succès d’un film hollywoodien du même nom.

Cependant actuellement, je suis en fatigue intellectuelle, je vis une sorte de vertige. Sur la brèche depuis l’âge de 14 ans, connaissant le désintérêt de la société face à celles et à ceux qui s’investissent en faveur du genre humain universel, j’avais décidé de mettre fin à ma vie publique au 1er janvier 2016.




Cependant aujourd’hui je constate que l’humanité a besoin de sens, de direction. Face à certains drames et conflits, l’ONU et les Chefs d’Etats eux-mêmes apparaissent être en difficulté pour prendre les décisions judicieuses. Le rythme d’évolution de l’humanité, ses dérives, ses défis interpellent toutes les consciences. La mienne l’est !

Victime de soucis visuels lors de mon enfance et adolescence, je vis depuis cette situation ambivalente ressentant comme un besoin, après avoir connu le noir et le vide d’avoir à apporter ma contribution pour éclairer les consciences, certes, celle-ci forcément modeste venant d’un seul individu dans un contexte où la multidisciplinarité des connaissances et compétences s’impose pour la lumière de l’humanité.

Je prends quelques exemples : le conflit entre la Russie et l’Ukraine et ceci indépendamment des décisions que pourra prendre l’OTAN, démontre présentement les limites du fonctionnement des Etats et Institutions internationales. La Russie est l’un des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, elle dispose de l’arme nucléaire, elle peut-être un recours utile et nécessaire pour résoudre certaines crises à l’exemple du dossier syrien.




Le fonctionnement de la société jusqu’à présent est bâti sur le schéma du rapport de forces. Comme l’a exprimé CLAUSEWITZ : la guerre étant la continuation de la politique par d’autres moyens !

A l’époque féodale, les seigneurs défendaient leurs fiefs contre d’autres seigneurs ou envahisseurs. Avec la colonisation, il était question d’obtenir de nouveaux débouchés à un stade économique en mutation de symptômes internationaux. Cependant également, les pays coloniaux avaient ce sentiment que leur civilisation et leurs cultures étaient des acquis supérieurs à celles d’autres, et qu’ils leur apportaient le bien nécessaire, des acquis inestimables. Or, ceux qui subissaient la colonisation, la subissait comme une occupation, un asservissement, un abus de territoire, une atteinte à leurs identités et traditions. Puis, vint le moment des insurrections de libération pour l’indépendance…..




Or, dans le conflit ukrainien, on voit bien les limites du pouvoir de la force armée ; le fonctionnement sociétal actuel n’est pas formé et habitué à la résolution des conflits par le dialogue. C’est ce qu’a compris depuis une quarantaine d’années, un chercheur comme Johan GALTUNG, lequel dirige un institut mondial de recherche pour la paix en proposant la résolution des conflits par ce qu’il appelle le dépassement par la créativité. Présentement d’autres travaux féconds sont engagés : IFLAC, centre de recherche de Boston, Institut Joseï TODA et les démarches ABC, GHA, initiées par l’universitaire russe Léo SEMASHKO, etc.




Cependant la logique de fonctionnement des Etats n’est pas présentement encore imprégnée de ce type de démarches innovantes, porteuses d’avenir pour une humanité de paix et d’harmonie.

Cependant, il est bien mesuré ce qu’il résulterait d’une guerre contre la Russie, les risques, pièges, embrasement que cela pourrait engendrer pour notre planète ; cependant, en attendant, la solution au règlement de conflits est entravée et altérée par cette réalité de relative impuissance, les sanctions économiques pénalisant d’abord les peuples, entrepreneurs, agriculteurs, et nourrissant pour l’avenir les rancœurs.

Les vertus et les capacités du dialogue ne sont pas encore une pratique confirmée du changement de paradigme s’agissant de la résolution des conflits.

Autre situation potentiellement explosive : les risques qui font peser sur l’humanité les idéologies du fanatisme et du terrorisme qui polluent et envahissent des corps, cœurs, âmes. Enlèvements, attentats, envahissement de territoires par des groupes islamistes radicaux politiques, avec des violences barbares que l’on pensait appartenir à d’autres temps. Cependant, nous l’avons vu avec la Shoah, la tragédie atomique à Hiroshima et Nagasaki, les génocides Arménien et du Rwanda, les désastres engendrés par les fascismes et le stalinisme et d’autres dictateurs récents, l’homme reste potentiellement un loup pour l’homme, comme il peut être capable de bienveillance et compassion et d’humanisme en action selon son système de valeurs.




Face au terrorisme, aux diverses formes de fanatisme souvent hélas religieux, nos élites politiques sont en difficulté pour affronter ces fléaux. Le XIXème siècle et le début du XXème ont connu les attentats anarchistes. Cependant, les anarchistes avaient leur conception du bien et du refus de certaines inégalités. Avec le terrorisme qui veut faire de la religion un marqueur identitaire nous affrontons un autre péril bien plus important. Il ne s’agit plus ensuite de guerres mobilisant des dizaines de milliers de combattants sur des lieux précis, avec le terrorisme la menace est partout !




Cet été, j’ai relu le dictionnaire de philosophie : je suis certes imprégné de l’impératif catégorique d’Emmanuel KANT, je suis un adepte des pratiques de la non- violence prônées et pratiquées par GANDHI, KING, MANDELA. J’apprécie les appels à la paix du Pape FRANCOIS et d’autres dignitaires religieux Musulmans, juifs, bouddhistes, chrétiens, etc. également de l’activité de forces syndicales, ONG, des recherches humaines et spirituelles de nombre de mouvements loges maçonniques et autres…..Cependant cela ne suffit plus !

Je suis convaincu de la richesse, ténacité, dont fait preuve chaque année Monsieur Daisaku IKEDA, lequel chaque 26 janvier comme Président de l’ONG internationale bouddhiste qu’il dirige, depuis 1983, adresse chaque 26 janvier ses proposition concrètes pour la paix au Secrétaire général de l’ONU, lesquelles sont précédées de réflexions profondes sur le sens de l’existence non seulement issues du bouddhisme, mais nourries également de la diversité de penseurs de tous siècles et continents.




Cependant mon tourment et angoisse sont ceux que le temps presse : il y a compétition entre le système de valeurs préconisé par les représentations humanistes ou celles de l’obscurantisme et de la barbarie.




Les meilleures pensées philosophiques, les discours les plus élaborés resteront inopérants si les peuples courageusement, lucidement, massivement ne prennent pas en main leur devenir qui est celui de l’humanité et des générations futures. Il y faut la mobilisation : non seulement des élites dirigeantes, intellectuels, scientifiques, artistes… mais la levée des peuples pour indiquer le sens de la vie, sa direction, refuser l’intolérable et la déshumanisation, et œuvrer à la perpétuation noble du genre humain.

Puisse mon modeste appel être entendu !

S’agissant d’une religion comme L’Islam que je respecte, je continue à m’interroger (d’ailleurs, c’est le cas pour toute religion sur l’importance du lieu et moment de la révélation.)

Souvenons- nous : des propos de Blaise PASCAL "le silence des espaces infinis m’effraie" de la fascination qu’éprouva Laurence d’Arabie pour le désert. N’est-ce pas MONTESQUIEU, qui dans l’esprit des lois insista sur l’importance des conditions géographiques, climatiques, s’agissant de la formation des systèmes de pensée ?

De son côté : le bouddhisme parle des 3 principes de différenciation dont celui de la différenciation des lieux ou de l’environnement. Les êtres vivants d’ailleurs humains, ou relevant des mondes : animal, minéral ou végétal ont inévitablement un environnement d’une nature ou d’une autre, dont dépend en partie leur existence.




Certaines conditions climatiques, géographiques, ont leurs empreintes sur le façonnement des cultures, mœurs, croyances… et ajoutent au sens de l’existence.

Parfois il s’en suit des vertiges, mélanges d’étrangeté, de crainte, d’admiration, de peur, d’imprégnations diverses qui interviennent sur notre réception de croyances, spiritualités,… et participent à nos choix d’engagements.

Se trouvera –t-il au sein des médias, des rédacteurs déterminés, lucides, libres, qui en conscience avant l’importance de l’audimat penseront à l’humanité en publiant ce type d’appel ? J’en doute, dans le fonctionnement sociétal actuel, mais sait-on jamais ?




Copyright Guy CREQUIE

Ecrivain français –Observateur social

Messager de la culture de la paix de l’UNESCO

Entre autres responsabilités et titres honorifiques sans reconnaissance pécuniaire : représentant français d’ONG internationales de paix et d’harmonie.