Terre à taire

Si pour beaucoup l’esprit n’est que l’art de se taire,

C’est ce que l’écrivain est à même de faire ;

Car écrire est se taire et crier en silence :

Rien de moins terre à terre et surtout de plus dense …

La terre est bien petite à qui la voit des cieux,

Et c’est la plume en main qu’on peut la voir le mieux.

Oui, le silence est d’or, ce n’est plus un mystère :

Il faut tourner sa langue avant que de se taire.

Si tout vient de la terre, aussi tout y retourne

On peut toujours le taire : aucun ne le contourne.

Bien dire nous fait rire et bien faire fait taire

Mais trop parler fait taire avec le manque d’air !

Les rumeurs faisons taire avec leurs quiproquos :

On voit des terre-pleins vides de toute auto !

Natif de Terre-Neuve, on peut aimer l’ancien,

Et de sa terre mère apprécier tous les liens.



Ma couleur préférée est la terre de Sienne :

Ma sœur, pourquoi le taire, en a faite la sienne …



S’il est bon de parler, mieux vaut encor se taire

A dit ce vieux sourd-muet avec les pieds sur terre.

Mais si haut que l’on monte à terre tout retombe

A dit ce dignitaire à deux doigts de la tombe.

C’est bien en terre noire où tout pousse le mieux,

Pas en Terre Adélie ni en Terre de Feu !

Bonne terre, souvent, donne chemins boueux

On ne peut, c’est connu, avoir le mieux des deux.

Ce que la terre attend : la sueur ! Pas le sang !

Plutôt que du guerrier, il faut du paysan.

Nos belles théories, le réel met à terre :

C’est quand Dieu vous entend, qu’alors, il faut se taire …

Jacques Grieu.