Durillons

DURA LEX

Dure serait la vie ? C’est là un bruit qui court ;

Douce, alors, est la mort, si l’on suit ce discours !

Pourtant, même un gros dur, n’est jamais trop pressé,

D’aller jusqu’au coup dur pour l’aller vérifier …

Quand c’est dur de forcer, seuls les durs forceront ;

Il faut être très dur et sourd à ses questions,

Pour pouvoir se payer le luxe d’être bon.

Mais le dur de la feuille a d’autres conceptions …

Le progrès, c’est parfait, mais il lui faut des bornes ;

Plus âgé est le bouc et plus dure est sa corne.

Plaisir de durée longue est-il encor plaisir ?

D’ailleurs chance qui dure est prête à se tarir …

En gouttant sur la pierre, eau qui dure la perce …

Le temps mène vie dure à ceux qui le dispersent.

Tout ce qui doit durer ne croît que lentement,

Mais dur à la détente est vice horripilant.

Ceux qui ont la dent dure ont souvent un dentier ;

Ce sont des durs à cuire que la vie a châtiés.

Mais la meilleure moelle est dans l’os le plus dur,

Comme a dit Confucius dans sa belle écriture.

Moins dur est d’échouer que rester sans essai,

Comme fer, dur j’y crois, même si sans succès.

Trop dur et puis trop mou sont deux aberrations,

Mais le cœur, trop souvent, ralentit les actions.

Ceux qui ont le cœur dur ont souvent tripe molle,

Et le plus dur des durs peut trembler des guibolles.

Le corps dure une vie quand le soin est normal ;

La mort dure un instant : plus de peur que de mal !

Jacques Grieu.