LA POESIE EN DEUIL : Prélude par Youssef Rzouga et SAKET WALID

TUNISIE : « La poésie, un rêve sans rives. Par Youssef Rzouga. Un autre choc a été si violent que la vitre d’un certain coeur s’est brisée, j’ai besoin d’une autre fenêtre qui s’ouvre sur le fleuve, un autre fleuve de poésie pour atteindre la soi-disant huître perlière. »


SAKET WALID, un poète à lire :

Quand le Bien « se commet » et que l’éthique se dégrade, la poésie est là pour redonner aux choses leurs valeurs perdues dans la brumeuse existence humaine.
Qu'elle soit acceptée ou rejetée la poésie est le pilier des arts.
C’est une présence ontologique rappelant aux hommes que l’Art est toujours une promesse éminemment tenue. Quand le Mal devient la substance du verbe poétique, la poésie acquiert alors une résonance cosmique.
Dans ce recueil, la poésie se veut présence faisant parler le silence et défiant les monts de l’insuffisance humaine. Si la mort est une fatale destinée la méfiance est une lâche sûreté. La parole, étant sincère, elle traverse les sphères, transperce les coeurs et sonde les mystères de l’univers.
De là l’aspect universel de la poésie. Une intelligence humaine qui confine à son apogée, un vers puisant les trésors insoupçonnables du Néant, et surtout une conscience qui s’examine afin de tendre la main à cet autre qui nous attend dans un coin ombragé d’un monde aveugle.
Loin de tout rêve stérile la poésie est un acte sincère épousant le rythme fou de la VIE avant que « l’être » ne périsse. Tôt dans la vie tard dans la nuit, la parole poétique se veut un véritable exercice de conscience libre travaillant à rétablir la symbiose entre l’Action sincère et la Bonne volonté. Le pessimisme dont est teinté ce livre n’est autre qu’une stratégie édifiante tentant de réveiller les consciences quasi mortes.
« Quand la raison me fait défaut, la poésie est là pour me dire ce qu’il faut ». « Ma poésie chante l’orphelinat de la morale. »
« C’est un enfant souffrant dans un coin de l’immense géographie humaine ». C’est une humanité cherchant la délivrance des maux qu’on lui inflige. Ce livre ne prétend pas pouvoir apporter des remèdes à tous. Mais c’est un acte de renaissance voire un espace démystifiant l’illusion d’une insuffisance humaine qu’on se plaît à cultiver d’une manière ou d’une autre.
L’homme a besoin de modérer son intelligence. La poésie le dit consciemment : « La Vie mérite d’être vécue à condition qu’on se lave de nos « péchés » intellectuels les plus têtus : -« Frère sans toi, je serai condamné à être coi Alors, que notre dialogue soit une foi ! La poésie est une trêve dans un monde où à chaque instant on crève. C’est l’espace d’un rêve nous rappelant que nous sommes tous, enfants d’ADAM et ÈVE. »
Ludique et heuristique, telle est la substance d’une poésie réveillant en nous tous les sens.

Prélude, par Youssef Rzouga et
SAKET Walid.

Biographie du poète :

SAKET WALID est né en 1975 dans un petit village EL GARIA du gouvernorat de Bizerte en Tunisie. Il est professeur en langue et littérature françaises. Il est poète d’expression française et critique littéraire ayant fait des études de 3ème Cycle à L’Université de Bordeaux France. Il est membre du mouvement international des poètes du monde : POETAS DEL MUNDO. Il publie des écrits divers en France notamment. Il est membre actif de la Maison des écrivains et de Littérature en France.

Le cimetière des rêves

On assiste, chaque jour à un « dés-astre ».
Durant toute notre brumeuse existence, on
n'a jamais su pallier nos insuffisances.
Car on a cru aux rêves fugitifs. On a vécu
dans une continuelle fuite car on n'a jamais
donné à L'Action ce qu’elle mérite. Têtus,
nous préférons les sentiers battus, mais
pour l'Acte personne ne s'est mû.
Il est temps que la lyre cesse de nous
charmer par les stériles rêves dont, jour
après jour on crève.
Il est temps que le moine quitte son vieil
habit et que les historiettes du soi disant
amour cessent de dévorer notre chair
ensanglantée par les remords.
Il est temps qu'au clair-obscur affadissant
nos âmes se substitue une lumière toute
sage et exclusivement humaine. Notre
bateau a tant flotté sur les marécages.
Il est temps qu'il trouve son rivage !
Il est temps que l'Espoir devienne humain
pour nous guider dans les saints chemins
et nous débarrasser des faux marins.
Il est temps que les colombes regagnent
leurs nids et que le malade quitte son lit
pour embrasser la mystérieuse vie. Mais
pour cela faut-il une tempête qui ravagerait
les anciennes bâtisses?
Soit!
Longtemps les cris des corbeaux ont
sillonné notre ciel, attendant le temps
propice pour attaquer notre corps déjà
cadavérique.

Longtemps a-t-on a rêvé d'une fée qui, par
sa baguette magique transformerait notre
prison en un majestueux palais. Cependant,
ni les corbeaux ni les fées ne sauront nous
rendre tristes ou gais.
Ô passé chimérique !
Ô rêves fantasmagoriques ! Vous avez
détrôné notre volonté et dérouté nos
désirs !
Votre fruit c'est l'attente stérile qui doit
céder la place à l'action fertile avant que
l'araignée de vos illusions ne nous piège
dans ses implacables fils. Partez ! Partez !
À nous de trouver les remèdes à nos maux
et à nos péchés les plus fades. Connaissezvous
votre place ? C'est le Cimetière. La
nôtre c'est la terre où le bonheur c’est la
vraie vie.

Beauté je te défie
Beauté au visage cynique !
Longtemps tu t’es enivrée de nos lâches
désirs
Beauté aux profondeurs océaniques !
Fais- nous goûter ton fatal élixir !
Beauté aux visages multiples
Si invisible sois-tu
Jamais ne sauras-tu terrasser cette âme
impassible
Que tu sois fugitive
Mon vers flottera jusqu’à ta rive
Les anciens t’ont obéi
Je saurai dompter ton air qui fuit
Ta gloire ? Tant de martyrs !
Sache que j’endure le pire
Avec ou sans toi, je saurai être
Mon vers étant de l’humanité le prêtre
Ton coeur, versatile tel un traître
Un vers dans mon poème, un pas vers
l’humanité
À toi l’orgueil, à moi l’humilité
Ton sein que tu interdis aux pauvres
Ta malice ondulant telle une pieuvre
Tes yeux, des feux attractifs
Mon deuil ne saura être chétif
Va ! Je t’oublie car tu me nies
Je m’en vais, seul, mais sûr,
Chanter l’Azur
Loin d’une fée,
Venant quand on ne peut
Fuyant quand on se meut !

Youssef Rzouga, Ambassadeur - Tunisie et Responsable pour le Monde Arabe POÈTES du MONDE :
http://www.poetasdelmundo.com/verInfo_arabe.asp?ID=935

SAKET WALID, POÈTE du MONDE :

http://www.poetasdelmundo.com/verInfo_america.asp?ID=2719

Publication : 08-01-2010.